|
|
||
|
LA TAPISSERIE AU XIVe SIÈCLE 49
Aussi est-ce la laine seule qui constitue la trame des rares tapisseries de cette époque qui aient été conservées. Aucune autre matière ne se prête d'ailleurs comme celle-là aux opérations délicates de la teinture, et ne conserve aussi longtemps des colorations franches et vives; on le voit assez par les admirables tapis d'Orient qui datent de plusieurs siècles et ont encore toute leur fraîcheur.
Le tapissier se procurait lui-même les matières nécessaires pour son travail. Le prix de l'aune carrée était calculé en conséquence.
On sait, par l'exemple de la tapisserie destinée à l'église de la Madeleine, à Troyes,-que les pièces de haute lice recevaient ordinairement une doublure de toile, ainsi que cela se fait de nos jours. Pour les suspendre, on employait soit des cordes, comme dans le cas qui vient d'être rappelé, soit des rubans de fil, cousus à la fois à la doublure et à la tapisserie. On rencontre également clans les comptes de fréquentes mentions -d'achats de clous et de crochets, servant à fixer les tapisseries. En. somme, les procédés de suspension étaient à peu près les mêmes autrefois qu'aujourd'hui. ' ''.
Il semble que, vers le temps de Charles V et de ses frères, les ducs d'Anjou, de Berry et de Bourgogne, la tapisserie ait supplanté tout autre mode de'décoration dans les habitations particulières comme dans les solennités publiques. Les récits des chroniqueurs s'accordent sur ce point avec les inventaires. Si l'on dressait l'état complet de toutes les tentures dont l'existence est constatée à la fin du xivc siècle dans des textes authentiques, on demeurerait confondu de la richesse des garde-meubles du temps. La liste dès riches sujets à personnages énumérés dans les inventaires royaux ou dans ceux des ducs de Bourgogne occuperait plusieurs pages. On en rencontre aussi dans tous les inventaires d'églises ou d'établissements religieux parvenus jusqu'à nous; et combien nous en man que-1-il!
La place nous fait défaut pour entrer ici dans le détail de ces précieux documents. Nous nous contenterons de présenter sous une forme abrégée un état des tapisseries à personnages qui composaient deux des plus célèbres collections du temps : celle de Charles V et celle du duc Philippe le Hardi.
Dans l'inventaire de Charles V, dressé au jour de sa mort, et
4
|
||
|
|
||